Le traité institue, à partir du 30 mars
1912 le régime du protectorat français. En octobre de la
même année, le sous-protectorat espagnol est mis en place
sur le
En zone française le pouvoir
exécutif est incarné par le résident général, représentant de la France , qui dispose d'une
assez large liberté de manœuvre. Le sultan et son makhzen sont maintenus comme
éléments symboliques de l'Empire chérifien, l'autorité réelle étant exercée par
le résident et ses fonctionnaires et officiers (contrôleurs civils et
militaires). À la suite du départ de Lyautey
en 1925,
la résidence devient néanmoins sensible aux pressions exercées par les
puissants lobbys coloniaux, représentés par les patrons de la grande industrie
et les chambres d'agriculture. Le Maroc connaît en effet une expansion
économique importante, illustrée par le développement fulgurant de Casablanca
et de plusieurs infrastructures (routes, voies ferrées, barrages, usines,
urbanisation) en règle générale. Par conséquent, se forme un puissant milieu
capitaliste européen qui dispose de groupes de pression parfaitement organisés,
aussi bien à Rabat
qu'à Paris.
Un tel essor économique accroît évidemment le fossé des inégalités, et à
l'exception d'une poignée de dignitaires locaux liés à la résidence, le peuple
marocain subit le sort dramatique d'oppression et d'exploitation partagé par
tous les autres peuples colonisés. Une politique de colonisation de peuplement
inspirée par l'exemple de l'Algérie française se met également en place,
encouragée par les résidents successifs. À la veille de l'indépendance en 1956, la population
européenne du protectorat s'élève ainsi à 400 000 personnes66.
C'est de cette époque que datent les grandes entreprises-clés de l'économie
marocaine, tels que le groupe ONA et l'Office chérifien des phosphates et de
manière plus globale d'importantes données sociales et politiques du Maroc
contemporain.
La zone espagnole dispose d'une
organisation assez semblable à la zone française, avec un résident général
nommé par Madrid.
Le sultan est représenté par un khalifa, lequel réside à Tétouan,
capitale du protectorat hispanique. Ce territoire ne connaît pas de
développement économique comparable à la zone française, mais joue un rôle
décisif dans l'avenir de l'Espagne. C'est en effet depuis Tétouan et Melilla
qu'éclate le coup d'État (pronunciamento) du général Franco, commandant
des troupes coloniales du Maroc (Légion espagnole des tercios et unités regulares)
contre la République espagnole le 17 juillet
1936. Cet événement
marque le début de la guerre civile espagnole.
La ville de Tanger quant à elle
constitue une zone internationale au statut particulier défini en 1923. Cette entité est
régie par une commission de huit puissances étrangères dont les États-Unis.
Le mendoub, haut fonctionnaire du makhzen, est le délégué du sultan, mais la
réalité du pouvoir appartient aux membres de la commission internationale.
L'Espagne
à son tour reconnaît l'indépendance du pays le 7 avril 1956 avant de restituer le
protectorat de Tétouan. Enfin le statut international de Tanger est aboli le 21 octobre
de la même année et le port réintègre officiellement le Maroc.
Durant les premières années après
l’indépendance jusqu'en 1960, la politique marocaine consiste à reconstituer le
« Grand Maroc »
comprenant la Mauritanie ,
une partie de l'Algérie, le nord-ouest du Mali voire l'archipel des îles
Canaries, projet dans lequel le roi ne voulait pas être débordé par le parti de
l’Istiqlal.
Après le retrait d'Allal El Fassi, l'abandon de cette idéologie se confirme par
la reconnaissance officielle de la Mauritanie par le gouvernement de Rabat.